La vocation de Marie, la Comblée-de-grâce

Aujourd’hui, nous célébrons l’Immaculée Conception : une grande fête mariale bien sûr mais aussi un dogme de notre foi promulgué le 8 décembre 1854, il y a 164 ans. Avec ce dogme, le pape Pie IX déclarait que Marie était préservée du péché originel qui marque tout homme dès sa naissance. Il s’agit donc d’une grande fête qui nous dit quelque chose de l’identité et de la vocation si particulières de la Vierge Marie. Pour bâtir notre méditation, nous nous appuierons sur la salutation de l’Ange Gabriel lors de l’Annonciation :

L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. » Lc 1, 26 – 30

Écoutons comment l’Ange interpelle Marie : ‘Je te salue, Comblée-de-grâce‘. Quelle salutation curieuse ! Il s’agit d’un terme grec ‘kecharitōmĕnē‘ que l’on trouve une seule fois dans la Bible, appliqué à Marie, et dont la traduction est double : « qui a été graciée » ou encore « à qui une grâce extraordinaire a été faite ». D’ailleurs Marie est toute surprise de cette salutation… Car l’ange vient de lui révéler son identité. Parce qu’elle est Comblée-de-grâce, elle a été libérée du péché ‘par anticipation’ du pardon offert à la croix et elle est l’Immaculée Conception. C’est d’ailleurs l’identité qu’elle déclinera à Sainte Bernadette lors des apparitions de Lourdes en 1858 : « Je suis l’Immaculée Conception ».

Parce qu’elle est Comblée-de-grâce, elle est parfaitement libre comme l’étaient Adam et Eve avant le péché originel. Cela signifie qu’elle avait le choix de dire OUI ou NON à Gabriel lorsqu’il lui annonce sa vocation de Mère de Dieu. Tous ses projets de vie sont remis en question. Pourtant, elle dit OUI en sachant qu’elle prend des risques énormes. En effet, à la seconde où elle tombe enceinte, elle devient adultère puisqu’elle est promise en mariage à Joseph qui n’est pas le père biologique de l’enfant. Elle connaît la peine prévue par le lévitique pour les femmes adultères : la lapidation. Elle risque sa vie, mais elle dit OUI. Elle est libre et elle fait confiance à Dieu. D’ailleurs, l’Ange le lui a assuré : ‘rien n’est impossible à Dieu‘. Alors il saura bien convaincre Joseph que son amour pour lui ne s’est jamais démenti. Par son attitude de foi, Marie nous interroge :

Et nous ? Où en sommes-nous de notre liberté ? Que sommes-nous prêts à risquer ? Y-a-t-il quelque chose/quelqu’un pour qui nous serions prêts à donner notre vie ? Y-a-t-il une cause qui en vaille la peine ? Quel est le but de notre vie ?

Son OUI change sa vie, et bien sûr celle de Joseph. Grâce à elle, la Sainte Famille va se constituer et devenir un modèle pour toutes les familles humaines. Mais son OUI va aussi impacter la vie de tous les hommes, passés, présents et à venir. Parce qu’elle dit OUI, Jésus devient l’un d’entre nous. Parce qu’elle dit OUI, le mystère de l’Incarnation et celui de la Rédemption peuvent s’accomplir : le salut va être donné au monde.

Quelle vie extraordinaire pour cette jeune femme simple de Nazareth ! Son OUI parfait lui vaudra une vie d’une fécondité exceptionnelle. Alors même qu’elle va perdre son fils sur la croix et qu’un glaive va lui transpercer le cœur, elle devient la mère de toute l’humanité :

« Femme, voici ton fils. » Jn, 19, 26

Alors la Comblée-de-grâce devient médiatrice de toutes les grâces. Cela signifie que toutes les grâces qui nous sont accordées – des plus grandes aux plus petites – passent par ses mains. Elle est vraiment notre mère. Elle est attentive à chaque détail de notre vie. Alors faisons comme Joseph et comme Saint Jean : Prenons Marie chez nous! Prenons la Comblée-de-grâce chez nous pour devenir aussi des ‘Comblé(e)s de grâce’, libres de répondre OUI au Seigneur, sûr(e)s que notre vie sera heureuse et féconde ! L’Ange ne l’a-t-il pas dit ?

« Sois sans crainte, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. » Lc, 1, 30.

Cela s’adresse à Marie et… à nous ! Car lorsque nous disons OUI à Dieu, nous devenons féconds et pouvons enfanter Jésus dans notre vie et dans celle des autres :

Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ? Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, Jésus dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
Mc 3, 33-35

Et si c’était notre vocation de chrétien?

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