Aujourd’hui, nous continuons notre réflexion sur notre vocation franciscaine. Dans l’article précédent, nous avions médité l’Évangile de la Transfiguration (Luc 9, 28 – 36) et montré son lien avec notre appel. Ici, nous allons réfléchir sur les forces de vie et de mort à l’œuvre dans notre monde. Il suffit de regarder les médias pour constater le nombre croissant de signes de mort qui nous guettent tous les jours. Ces signes se manifestent quand l’homme moderne est touché par la peur, la tristesse, la dépression, le manque de désir, l’hémorragie de sens… Ils ne sont pas mortels en eux-mêmes mais révèlent nos liens avec notre finitude. Ils nous tirent vers le bas. Un passage de l’Évangile de Saint Jean peut nous éclairer et nous aider sortir de cette tentation mortelle. Il s’agit de la résurrection de Lazare (Jn 11). Dans ce texte, Jésus s’exprime par des impératifs. Il donne des ordres. Il montre ainsi qu’il prend autorité sur la mort pour faire triompher la vie. Mais quel est le lien entre ces impératifs et notre vocation franciscaine? Découvrons-le ensemble !
Sors dehors !
C’est le premier ordre que donne Jésus. Ce premier ordre est une folie. Vous rendez-vous compte ? Oser ouvrir le tombeau de quelqu’un qui est enterré depuis quatre jours ! Ce n’est pas très habituel. D’ailleurs, « il sent déjà », dit la sœur de Lazare… l’odeur de la mort paralyse l’être humain depuis les origines.
Mais Jésus n’a pas peur de ce que disent les gens. Il est libre parce qu’il agit pour le bien. Et d’abord, il prie. Puis, il s’adresse à Lazare, qui git mort dans son tombeau, et il lui intime l’ordre de sortir. Cet ordre, c’est un CRI !
Un CRI pour le réveiller de la mort. Un CRI pour le sortir d’un lieu de mort. Un CRI pour le rétablir dans l’ordre de la vie. Lazare sort du ventre de la terre, de l’obscurité, de la solitude et de la froideur.
Pour Lazare, c’est une seconde naissance. Mais, le cri ne vient pas du nouveau-né mais du Maître de la vie. L’homme vit à l’extérieur, sur terre et non sous la terre. Jésus rétablit Lazare à sa place.
Déliez-le !
Et Lazare sort du tombeau. Il est vivant mais il porte encore les signes de la mort : des bandelettes et un suaire. Il est comme ainsi dire encore habillé par la mort. Alors, Jésus demande une médiation aux proches. Et il donne un deuxième ordre : « Déliez-le ! » que nous pourrions traduire par :
« Vous, qui êtes des spectateurs! Vous, qui regardez ! Oui, vous ! Aidez Lazare à être libre. Devenez des libérateurs. Travaillez pour la vie. Enlevez les bandelettes, enlevez l’habit de mort pour qu’il voie, qu’il marche, qu’il parle, qu’il soit vraiment vivant, qu’il soit libre ! ».
Laissez-le aller !
La caractéristique des vivants, c’est la mobilité, le mouvement. Un mort ne bouge pas. Un cadavre reste immobile. Jésus lance un troisième ordre qui invite Lazare et ses témoins au mouvement. Un mort qui marche n’est plus un mort. Lazare est sorti de son tombeau en marchant. Il peut reprendre sa vie, mais pour lui, rien ne sera plus jamais comme avant !
Il a vu Jésus agir en maître de la vie. Il a entendu des paroles qui relèvent. Il sait que Jésus est plus fort que la mort et que nos morts.
Cette expérience le bouleverse et lui fait prendre un nouveau départ. Et, pour Lazare, rien ne sera plus jamais comme avant !
Et pour nous alors ??
Pour nous, franciscains, notre vocation est un continuel exercice pour diagnostiquer les signes de mort qui nous fragilisent et les guérir. Par nos paroles et nos gestes, nous devons aider les autres à sortir de leurs tombeaux, de leurs peurs, de leurs tristesses,…
Notre vocation est de CRIER LA VIE !
Oui, des attitudes et des événements nous poussent vers la terre, vers la mort, mais ils n’ont pas le dernier mot! La voix du Christ doit être la plus forte. Elle nous sort de nos impasses et nous replace sur le bon chemin.
Quelle puissance, quelle autorité dans cette voix :
« Sortez ! Marchez ! Vivez ! LIBRES ! »
Et si cet appel était pour vous ?