Aujourd’hui, nous voulons réfléchir sur la vocation de l’apôtre Pierre à partir de l’Évangile de Saint Jean (chapitre 21, 15 – 19). Pierre a été choisi par Jésus pour guider son Église. Dans son parcours humain et spirituel, il a connu des hauts et des bas. Il s’est montré tantôt courageux, disant à Jésus : « Seigneur, je donnerai ma vie pour toi ! » (cf. Jn 13, 37). Autrement dit, « Seigneur, je ne t’abandonnerai jamais ! ». Mais il s’est aussi montré lâche pendant la Passion : « Je ne connais pas cet homme, je ne sais pas de quoi tu parles ! » (Lc 22, 60). Cependant, l’apôtre Pierre est un homme capable de reconnaitre sa fragilité puisque Saint Luc nous dit dans son Évangile qu’il « sortit et pleura amèrement » après sa trahison (cf. Lc 22, 62). Pierre sait enfin que l’Esprit peut s’exprimer par sa bouche. On se souvient de sa très belle profession de foi lorsqu’à la question de Jésus « pour vous qui suis-je ? », il répondit avec force : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant ! » (Mc 8, 29).
Au cœur de la mission : l’amour.
Le dernier chapitre de Saint Jean montre un dialogue profond entre Jésus et Pierre. Jésus ne lui demande pas s’il a un diplôme en marketing ou en management pour guider son Église, s’il parle plusieurs langues, s’il a quelque expérience mystique, … Non, rien de tout cela. Jésus n’agit pas comme un recruteur classique, il ne s’intéresse pas au CV de Pierre ni à ses qualifications comme l’aurait fait un responsable des ressources humaines. Il pose une question, simple mais essentielle, une question qui éclaire la mission ou plutôt le profil recherché pour le candidat :
« Pierre, m’aimes – tu ? »
La vocation de Pierre est celle de guider un Peuple, l’Église, par amour de Jésus. Sans amour, le guide se transforme en gourou, le pasteur en manipulateur et en dominateur. L’amour désarme et vise le bien des autres.
Pierre : un pasteur, et non un leader.
« Si tu m’aimes, pais mes brebis ». La mission de Pierre est simple et exigeante. En suivant l’exemple du Bon Pasteur (Jn 10), Jésus, il doit connaître et aimer ses brebis. Ainsi :
Sa mission n’est pas de multiplier les brebis mais de les aimer.
Quand on aime quelqu’un, il n’y a plus ni distance, ni froideur, ni méfiance. Quand on aime, on entre dans la confiance, dans la chaleur. On est bien tout simplement.
La responsabilité de Pierre pouvait le détourner vers une mission horizontale : faire des chiffres, dominer par le nombre, se sentir rassuré parce que sa prédication porte du fruit et que l’Église naissante se développe très vite (cf. Actes 2, 41), etc. Pourtant, rien de tout cela. Au contraire :
Pierre ne sera pas un leader à la manière humaine. Il sera un pasteur aimable et aimant. D’ailleurs, Jésus insiste non pas une fois, mais trois fois sur l’amour. Il pense au triple reniement… avant d’être envoyé en mission, Pierre doit montrer qu’il aime Jésus.
Et toi ?
Oui, TOI : Thomas, Jacques, Étienne, Hugues, Aymeric, … Chacun peut mettre son prénom, mais la question reste la même :
« M’aimes-tu ? »
Et quelle est ma réponse ? Comment je l’aime ?
Beaucoup ? Peu ? Pas assez ?
Follement ? Simplement ? Maladroitement? …
L’avenir de ma vocation dépend de la qualité de ma réponse à la question de Jésus. Nous ne sommes pas dans la série « Amour, gloire et beauté » mais dans le sérieux d’un amour qui se donne sans limites.