Cette semaine est une semaine particulière dans l’Église puisqu’il s’agit de la semaine missionnaire mondiale. Au cours de cette semaine, nous sommes invités à prier plus particulièrement pour tous les missionnaires, et plus largement pour tous ceux qui témoignent à temps et à contre-temps du message du Christ. Pour nous, frères franciscains, la mission est un des piliers de notre charisme. Mais savez-vous que Saint François a un temps hésité entre une vie de prière et une vie de mission? Et savez-vous qu’il se sentait plus attiré par la première et que la seule chose qui lui faisait considérer la seconde était l’exemple du Christ? Comment a-t-il discerné et affiné cet élément important de sa vocation et donc de celle du frère franciscain? Réponse dans la Légende Majeure de St Bonaventure au chapitre 12 :
« Mes frères, que me conseillez-vous, quel est votre avis ? Dois-je me consacrer à la prière ou bien cheminer de ville en ville pour prêcher ? Car enfin je suis un pauvre petit homme simple, sans éloquence, plus doué pour la prière que pour la prédication. Dans la prière on obtient et on accumule les grâces, tandis que la prédication est pour ainsi dire une distribution des biens reçus du ciel. Dans la prière on purifie tous les élans de son âme […] tandis que dans la prédication notre esprit lui aussi finit par avoir comme le corps « les pieds couverts de poussière » […]. Dans la prière enfin nous parlons à Dieu et nous l’écoutons, […] tandis que la prédication nous force à nous mettre toujours au niveau des hommes et à vivre comme eux, penser, voir, parler et écouter comme eux… Mais contre tous ces avantages de la prière, il y a un argument qui, si l’on se place du point de vue de Dieu, semble péremptoire : c’est que le Fils unique de Dieu, Sagesse suprême , a quitté le sein du Père pour le salut des âmes, afin de se donner au monde en exemple, d’adresser aux hommes la Parole qui sauve, de leur donner son sang comme rançon libératrice, comme bain purificateur et comme breuvage fortifiant : il n’a rien gardé pour lui mais nous a tout donné afin de nous sauver. Et puisque nous devons imiter ses actions, […] il me semble que ce qui est le plus agréable à Dieu, c’est que j’abandonne le calme de ma retraite pour m’en aller travailler et prêcher. »

Pendant plusieurs jours il poursuivit avec ses frères la discussion sans arriver à se forger une conviction certaine sur le choix qui serait le plus agréable au Christ. […] En vrai Mineur, il n’hésitait pas à demander à des simples de minimes conseils. Chercher par quelle voie, par quel moyen il pourrait plus parfaitement servir Dieu comme Dieu lui-même voulait être servi, telle était sa préoccupation constante. […] Il désigna deux frères et les envoya à frère Sylvestre, […] pour lui demander de la part du Seigneur de rechercher la solution conforme à la volonté de Dieu. Il demanda aussi à Claire, la vierge sainte, d’en conférer avec la plus pure et la plus simple de ses sœurs et de prier avec toutes les autres, afin de connaître la volonté du Seigneur. L’unanimité fut merveilleuse : le prêtre et la moniale, sous l’inspiration du Saint-Esprit, interprétèrent ainsi le bon plaisir de Dieu : le héraut du Christ doit aller prêcher par le monde. Quand les frères, de retour, lui eurent transmis la volonté de Dieu telle qu’on leur en avait confié le message, François se leva aussitôt et, retroussant sa bure, se mit en route sur-le-champ, sans un moment de répit. Il avançait avec allégresse pour obéir aux ordres de Dieu et marchait à grands pas, comme s’il avait acquis, sous l’emprise du Seigneur, un regain de force.
Que le Seigneur nous donne, par l’intercession de Saint François d’Assise, de discerner la mission particulière à laquelle le Seigneur nous appelle et la force nécessaire pour l’accomplir ‘aussitôt‘.