
Nous avons célébré il y a peu la fête de l’Assomption et un grand saint franciscain conventuel, Maximilien Kolbe (cf. ici). Mais, cette année, nous fêtons aussi le 80e anniversaire de sa mort et le 50e anniversaire de sa béatification. A cette occasion, notre ministre général, fr. Carlos Trovarelli, a adressé une lettre à tous les frères et aux pèlerins dont nous vous proposons notre traduction ci-après.
« Dieu est amour : qui demeure dans l’amour
demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. »
1 Jn 4, 16.
Bien-aimés,
Le quatre-vingtième anniversaire de la mort de saint Maximilien Marie Kolbe et le cinquantième anniversaire de sa béatification sont l’occasion de réfléchir sur son héritage spirituel, marqué par l’amour. Son emprisonnement dans le camp d’extermination d’Auschwitz, couronné par sa mort dans le bunker de la faim, représente pour nous l’absurde circonstance historique qui révèle un itinéraire toujours grandissant de sainteté et d’amour. L’obscurité de la cellule, éclairée par le témoignage de prière de saint Maximilien, et ses paroles de réconfort adressées à ses malheureux compagnons de captivité, transforment ce lieu – qui est un symbole de l’irrationalité de l’homme – en un autel sur lequel la dignité humaine et sacerdotale du frère franciscain est exaltée pour illuminer « ce siècle difficile », comme l’a affirmé Saint Jean-Paul II.
Un itinéraire d’amour
L’amour inconditionnel est le signe le plus clair qui a distingué la vie de notre saint martyr. Les autres caractéristiques qui l’ont marquée sont : tout d’abord, l’amour pour la Mère de Dieu qui remplissait le cœur du petit Raymond Kolbe et qui, à l’adolescence, l’a conduit à revêtir l’habit franciscain ; puis, le dévouement avec lequel il a entrepris sa formation et ses études ; la capacité avec laquelle – malgré son jeune âge – il a su interpréter les événements de ce moment décisif de l’histoire ; ensuite, son amour pour la fraternité religieuse et sa décision de vivre de manière authentique son sacerdoce ; enfin, son amour pour l’humanité, attesté par son travail inlassable d’évangélisation et son engagement pour la formation des consciences de ses contemporains. Ce cheminement a culminé dans le don de sa « consécration à Marie Immaculée », offert à l’Église et au monde, à travers le zèle missionnaire et finalement dans l’amour oblatif total vécu dans le martyre. Tout cela n’est pas le fruit de la seule volonté humaine mais un itinéraire vertueux qui témoigne de l’expérience de l’amour de Dieu comme motivation fondatrice dans la vie du saint martyr.
Une présence prophétique
L’amour profond avec lequel saint Maximilien a consacré sa vie à l’Immaculée Conception pour « lui ressembler » – et l’offrande permanente de sa vie à ses frères et sœurs – orientent de manière prophétique le sens de notre vie. La clé de lecture de cette prophétie n’est pas tant d’être vertueux (car nous risquerions de ne pas réussir), mais d’être des « amoureux » : des croyants pleins d’amour pour les autres. Tel devrait être notre chemin quotidien : nous dépenser et nous donner avec générosité dans une offrande oblative agréable à Dieu.
La présence prophétique de Dieu vécue par Saint Maximilien n’est rien d’autre que la présence de l’Amour de Dieu fait histoire du salut en faveur des hommes et des femmes de son temps. Comme l’a écrit le Pape François, « l’histoire montre des signes de retour en arrière : des conflits anachroniques que l’on croyait dépassés sont ravivés ; des nationalismes fermés, exacerbés, et agressifs sont ressuscités […] et le bien, ainsi que l’amour, la justice et la solidarité […] sont à conquérir chaque jour » (cf. Fratelli Tutti, 11).
Telle est la prophétie : vivre et témoigner de l’amour, de la charité, de la dignité et de la préoccupation du salut des autres, dans un monde marqué par différents systèmes d’intérêts égoïstes et de régimes déshumanisants.
Devenir de nouvelles créatures dans les mains de la première créature rachetée
Peut-être ne pourrons-nous jamais réaliser en nous-mêmes un acte de consécration totale à l’Immaculée Conception, comme l’a fait notre Saint. Nombreux sont ceux qui ont fait remarquer à juste titre qu’il ne s’agissait pas d’un simple acte de dévotion. Personnellement, j’aime considérer sa consécration totale à l’Immaculée comme la plus sublime des dévotions : un abandon total, existentiel de notre vie à Dieu, à l’exemple de l’Immaculée qui s’est laissée complètement pénétrer par l’action de l’Esprit Saint.
Il ne s’agit donc pas simplement d’être altruiste en ce « siècle difficile », mais d’être de nouvelles créatures. Dans la première créature rachetée en vertu des mérites de son Fils, en Marie Immaculée, nous pouvons nous aussi devenir de nouvelles créatures, en renouvelant notre consécration baptismale. C’est la manière chrétienne d’offrir une nouveauté de vie à notre siècle : devenir nous-mêmes des personnes nouvelles pour créer un monde nouveau. Le Père Kolbe nous apprend à ne pas avoir peur de rêver, car, avec l’Immaculée, nous pouvons faire de grandes choses.
Conclusion et salutations
Au terme de cette lettre, je souhaite contempler avec confiance et espérance le don de la sainteté que Dieu a suscité en son serviteur saint Maximilien. Mais surtout, je lance un appel à tous ceux qui l’invoquent – et ils sont nombreux – et qui, avec confiance et à son exemple, se consacrent à Marie Immaculée, pour témoigner de l’amour de Dieu pour l’humanité. Saint Irénée de Lyon affirme que « la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ». Dans cette vision de la grandeur de l’humanité devant Dieu, nous pouvons mieux comprendre comment la charité active est un chemin de dignité pour nos frères et sœurs de tous les temps. C’est un chemin qui nous permet d’être des instruments de Dieu dans les mains de l’Immaculée, de mourir à nous-mêmes et de ressusciter à une vie nouvelle. L’offrande de notre vie devient alors l’acte suprême par lequel nous construisons véritablement la civilisation de l’Amour.
Je salue tous les frères de l’Ordre des Frères Mineurs Conventuels et toutes les personnes qui sont venues en pèlerinage ici pour célébrer cet anniversaire important.
Que le Seigneur vous comble de ses biens ! Que la bénédiction de Dieu et la protection de notre séraphique Père Saint François soient avec vous tous.
Frère Carlos A. Trovarelli, ministre général.
Finalement, pour notre ministre général, la vocation de Saint Maximilien pourrait se synthétiser autour de ces quelques points essentiels :
- Vivre et témoigner de l’Amour
- Devenir des personnes nouvelles pour créer un monde nouveau
- Ne pas avoir peur de rêver
- Offrir notre vie pour construire la civilisation de l’Amour
Autant d’aspects au cœur de notre vocation de chrétien et de frère franciscain !
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