Fête des Rameaux confinés

Nous vivons cette période surréaliste où l’homme moderne à l’esprit expansif se retrouve confiné dans l’espace.
L’esprit de conquête est brutalement immobilisé.
L’homme capable d’aller dans l’espace, d’ouvrir l’espace, d’étudier l’espace, d’ordonner l’espace, se retrouve cloîtré.
Nous vivrons demain une étrange fête des Rameaux.
D’ordinaire, l’espace de nos églises est bien rempli.
Ce dimanche, notre prière sera différente.
La communion sera différente.
Mais, elle sera.


Un virus, un être minuscule et invisible, un être vivant nous rappelle que l’homme n’est pas le maître du monde.
Ce virus nous rappelle que la nature a ses mystères et ses ressources.
Ce virus nous rappelle que nous sommes vulnérables et mortels.

L’économie mondiale craque.
La vie sociale est paralysée.
L’homme est renvoyé chez lui.
Face à la tentation de vivre toujours à l’extérieur de soi, toujours au dehors, toujours dans l’apparence, ce temps inédit nous fait rentrer en nous-mêmes.
La démarche n’est pas narcissique, elle vise la vérité de l’être profond.
L’espace intérieur est là où il est inconfortable d’y aller.
Aller en profondeur nous sort de nos zones de confort, là où nous maîtrisons tout.


Cette année, pour les Rameaux, nous vivrons un sacré pèlerinage des branches vertes vers les racines (cf. ici).
Nous ne serons pas à l’extérieur, nous vivrons de l’intérieur…
Quelle bénédiction !


L’ânesse de l’Évangile de Saint Matthieu, est attachée ; elle aussi elle est confinée (Mt 21,2). Jésus fait libérer la bête. Jésus est venu pour nous détacher, pour nous libérer. D’un virus ? Aussi.
Nous n’entendrons pas les foules crier : « Hosanna ! » (Mt 21,9)
Nous ne verrons pas une foule agitée (Mt 21,10)
Cette année, peut-être, de l’intérieur, de nos racines, là où notre être est vrai, là où notre être n’est pas conditionné, agité ou dispersé, nous répondrons avec nos paroles à la question de la foule : « Qui est cet homme ? » (Mt 21,10).
Cette année, nous n’avons pas d’excuse : le sport, une réunion, un déjeuner de famille, un déplacement,…


Ce dimanche, l’être vivra.
Ce dimanche des Rameaux, notre foi nous pousse à répondre à une question simple : « Qui est Jésus ? »
La foule a répondu.
Moi, je répondrai…


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