« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » : c’est le leitmotiv de la méditation proposée par le Pape vendredi soir, alors qu’il animait un temps de prière extraordinaire pour l’épidémie de CoViD-19, un temps de prière qui s’est conclu par une bénédiction exceptionnelle urbi et orbi. Cette bénédiction est le signe de la miséricorde de Dieu pour nous en tout temps et spécialement en ce temps d’épidémie. A cette bénédiction est attachée une indulgence plénière que vous pouvez recevoir aux conditions décrites ici.
Dans ce temps de prière, le pape a choisi de méditer sur l’Évangile de la tempête apaisée (Marc 4, 35-40). Comme il le fait remarquer, « il est vraiment facile de se retrouver dans ce récit » mais « il est plus compliqué de comprendre le comportement de Jésus » qui dort au fond de la barque, alors même que la tempête fait rage. Une fois que Jésus, éveillé, a calmé cette dernière, il s’interroge sur leur manque de foi. Serait-ce que les disciples ont cessé de croire en lui ? Non, nous dit le Pape, car « ils l’invoquent. Mais voyons comment ils l’invoquent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? ». Cela ne te fait rien : ils pensent que Jésus se désintéresse d’eux, qu’il ne se soucie pas d’eux. » Ils ne perçoivent plus l’amour de Jésus, ils ont l’impression d’être abandonnés. Pour le Saint Père, « c’est une phrase qui blesse et qui aura aussi touché Jésus, car lui, plus que personne, tient à nous. En effet, une fois invoqué, il sauve ses disciples découragés. »
Qu’est-ce-que cela nous dit aujourd’hui? Le Pape souligne que « la tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos projets. » Pour le Saint Père, dans ces moments sombres que nous vivons, similaires à ceux des disciples dans la barque, nous sommes appelés à la foi, non celle des disciples qui invoquent le Seigneur en pensant qu’il les a oubliés, mais celle des apôtres après la Pentecôte, sûrs que « le bras du Seigneur n’est pas trop court pour sauver » (Is, 59, 1) et que son amour nous est toujours acquis. C’est, pour le Pape, la conversion que nous avons à vivre :
« Seigneur, tu nous adresses un appel, un appel à la foi qui ne consiste pas tant à croire que tu existes, mais à aller vers toi et à se fier à toi. Durant ce Carême, ton appel urgent résonne : « Convertissez-vous », « Revenez à moi de tout votre cœur » (Joël 2, 12). Tu nous invites à saisir ce temps d’épreuve comme un temps de choix. Ce n’est pas le temps de ton jugement, mais celui de notre jugement : le temps de choisir ce qui importe et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas. C’est le temps de réorienter la route de la vie vers toi, Seigneur, et vers les autres. »
« Le début de la foi, c’est de savoir qu’on a besoin de salut. Nous ne sommes pas autosuffisants ; seuls, nous faisons naufrage : nous avons besoin du Seigneur, comme les anciens navigateurs, des étoiles. Invitons Jésus dans les barques de nos vies. Confions-lui nos peurs, pour qu’il puisse les vaincre. Comme les disciples, nous ferons l’expérience qu’avec lui à bord, on ne fait pas naufrage. Car voici la force de Dieu : orienter vers le bien tout ce qui nous arrive, même les choses tristes. Il apporte la sérénité dans nos tempêtes, car avec Dieu la vie ne meurt jamais. »
Alors, avec la Samaritaine qui, en allant chercher de l’eau, a trouvé l’eau vive de la foi (cf. 3e dimanche de Carême), avec l’aveugle-né qui est allé se laver à Siloé et a découvert la foi dans le Christ en même temps que la joie de voir (cf. 4e Dimanche de Carême), et avec Lazare, ressuscité d’entre les morts qui nous rappelle que « si nous croyons, nous verrons la gloire de Dieu » (5e dimanche de Carême), choisissons le Seigneur. Avec le Saint Père, avec Saint François, entrons dans la confiance et embrassons la croix de l’épreuve qui nous est proposée : « Embrasser la croix, nous dit le Pape, c’est trouver le courage d’embrasser toutes les contrariétés du temps présent […] pour faire place à la créativité que seul l’Esprit est capable de susciter. C’est trouver le courage d’ouvrir des espaces où tous peuvent se sentir appelés, et permettre de nouvelles formes d’hospitalité et de fraternité ainsi que de solidarité.» Le Pape François nous envoie donc en mission. Pour l’accomplir, nous ne sommes pas seuls :
« Nous avons une ancre : par sa croix, nous avons été sauvés. Nous avons un gouvernail : par sa croix, nous avons été rachetés. Nous avons une espérance : par sa croix, nous avons été rénovés et embrassés afin que rien ni personne ne nous sépare de son amour rédempteur. Le Seigneur se réveille pour réveiller et raviver notre foi pascale. »
« Courage, j’ai vaincu le monde. »
(Jn 16, 33)
Vous pouvez ici retrouver le texte intégral de cette méditation ainsi que la cérémonie en vidéo.