Aujourd’hui, après les belles histoires vocationnelles de nos deux postulants et de nos jeunes en recherche de l’Année Saint François, nous revenons sur un appel extraordinaire: celui de Saint Matthieu, connu sous le nom de Lévi, collecteur d’impôts et pécheur notoire…
Jésus vit, en passant, un homme assis au bureau de la douane, appelé Matthieu, et il lui dit : « Suis-moi ! » Et se levant, il le suivit. (Mt 9, 9)
Superbe vocation ! Dans ce récit, il y a une rapidité presque brutale, une simplicité presque banale qui couvrent le mystère de cette réponse radicale et muette. Jésus « vit ». L’événement de la vocation de Matthieu est la rencontre intense et silencieuse de deux regards. Matthieu se sait vu : Est-ce pour moi que tu es venu ? Précisément ici, où l’on ne fait que négocier et manipuler de l’argent ? Qui, moi ? Comment ! Toi ! Tu m’appelles, moi ?
Jésus avait dit : « Nul ne peut servir deux maîtres, Dieu et Mammon » (Mt 6, 24). Dans le cas de Matthieu, le comptoir sert d’autel pour un culte qui réunit une petite assemblée de « dévots » occupés à compter des pièces de monnaie. Le fonctionnaire d’Hérode, le pécheur public pratiquant un métier déshonorant est appelé. La voix de Jésus traverse l’abîme : « Suis-moi ! », c’est-à-dire : « Imite-moi ». Et le cœur de Levi bondit : « Quittant tout et se levant, il le suivit ».
Jésus lui dit par son regard et son autorité : « Tes affaires et ton argent sont pour toi une prison, je passe dans ta vie pour que tu sois libre ». D’un regard, d’un mot, Jésus a rejoint son désir le plus secret, le meilleur de lui-même, l’extraordinaire possible qui sommeille en lui. Et Lévi s’est senti reconnu, respecté, appelé en ce point intime où tout peut renaître. Jésus regarde toujours le plus authentique qui existe dans chaque personne. Jésus s’est arrêté, il n’est pas passé au large à la hâte, il a regardé le publicain sans hâte, avec paix. Dieu vient nous appeler à tout âge, dans nos occupations quotidiennes et dans notre péché. Tout le monde est appelé.
Matthieu laisse derrière lui le comptoir des impôts, l’argent, l’avoir et le pouvoir. Il ne veut plus prendre. Maintenant, avec Jésus, il se lève pour donner, pour offrir, pour s’offrir aux autres. Voilà la belle histoire vocationnelle de Matthieu. Le regard de Dieu s’est posé sur lui. Le regard de Jésus s’est posé sur un pécheur public et le pécheur s’est levé, et il a suivi Jésus.
Et aujourd’hui ? L’histoire continue. Dieu pose son regard sur nos vies là où nous sommes. Il nous surprend. Devant notre ordinateur ou notre portable, dans notre bureau ou dans le métro… Dieu passe, Dieu voit, Dieu appelle, …
Je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs !
Évangile selon Saint Marc, 2, 17