Saint Louis : une vocation franciscaine, qui concilie royauté et pauvreté.

Ce 25 août, nous avons fêté Saint Louis, Roi de France et patron des tertiaires franciscains, c’est-à-dire de tous ceux qui, sans appartenir au premier ou second ordre (frères mineurs ou clarisses), veulent vivre l’idéal de Saint François d’Assise dans leur vocation propre. Nous vous amenons à la rencontre de ce roi d’exception qui, animé par une piété et une foi actives, marchera naturellement dans les traces de Saint François.

Saint Louis : sa vie en bref.

SaintLouisSaint Louis (Louis IX de France) est le fils de Louis VIII le Lion et de Blanche de Castille. Il est aussi le petit-fils de Philippe Auguste et le grand-père de Philippe IV le Bel. Né le 25 avril en 1214 à Poissy, il devient roi à 12 ans en 1226 et  épouse Marguerite de Provence à 20 ans, en 1234. Leur amour sera tendre et fidèle. Ils auront ensemble 11 enfants et le roi sera attentif à leur éducation comme en témoignent les « Enseignements », rédigés lors du siège de Tunis, à l’attention de son fils Philippe qui lui succède sous le nom de Philippe III le Hardi. Louis IX meurt de la peste le 25 août 1270, pendant la 8e croisade qu’il menait pour convertir le Sultan de Tunis à la religion chrétienne. Il sera canonisé en 1297 par le pape Boniface VIII.

Saint Louis : la sainteté dans l’exercice
des plus hautes charges.

Louis IX est d’abord un roi qui se caractérise par une grande piété et une grande foi dans le Seigneur. En dépit de sa santé délicate et des fortes occupations de sa charge, il mène une vie quasi monastique, rythmée par l’office divin et de longs temps de prière,  y compris au cours de ses voyages. Il est aussi très attaché aux reliques.SainteChapelle Il rachètera notamment à grand prix des reliques de la croix du Christ et fera construire la Sainte Chapelle (voir ci-contre) pour leur donner un cadre digne de les accueillir. Mais, plus que cela, sa piété et sa foi se manifestent d’une manière très concrète par des œuvres de miséricorde vis-à-vis des plus pauvres. Une salle leur était réservée dans son palais où ils étaient soignés, restaurés, aidés matériellement par des aumônes substantielles, … il faisait également preuve d’humilité en leur lavant les pieds à l’image de Jésus lors de la dernière Cène et n’hésitait pas à leur rendre justice. Il avait de plus adopté pour lui-même un train de vie sobre, voire même austère. Il portait de pauvres habits sous sa plus précieuse tunique, il coupait d’eau son vin, il s’était même fait confectionner des bottes spéciales, aussi inconfortables que belles extérieurement. Très intelligemment et en toute discrétion, il parvenait à vivre dans une certaine pauvreté tout en assumant pleinement ses devoirs de roi. Toute sa vie, il s’efforça de faire régner la justice et la paix dans sa vocation de laïc chrétien et d’homme d’État. L’un de ses plus grands soucis sera de réconcilier les ennemis, notamment la France et l’Angleterre. Il portait enfin une affection particulière aux frères des ordres mendiants (franciscains et dominicains) dont il écoute volontiers les sermons et chez lesquels il n’hésite pas à s’arrêter lors de ses voyages. Il recevra notamment à sa table Saint Bonaventure, franciscain, et Saint Thomas d’Aquin, dominicain, tous deux docteurs de l’Église, et entendra leurs enseignements. Il rencontrera aussi fr. Gilles, l’un des premiers compagnons de Saint François, déguisé en pauvre pèlerin, comme nous le relatent les fioretti (Fioretti 34).

Saint Louis : une vraie vocation franciscaine.

SaintLouis2Saint Louis reste dans la mémoire populaire comme un roi animé d’une foi active, d’un sens aigu de la justice et d’un amour de prédilection pour les plus pauvres. Il est aussi un ami de la paix et de Dame Pauvreté. Il est donc parvenu pendant sa vie à concilier les exigences de sa charge royale et la voie évangélique ouverte par Saint François. A travers son exemple, il nous montre qu’il est possible de vivre l’Évangile, même lorsque l’on occupe des fonctions élevées dans la société. A ce titre, il est le saint patron (avec Élisabeth de Hongrie) des tertiaires franciscains qui veulent vivre l’idéal de Saint François d’Assise, tout en restant dans le monde. Toute l’âme de Saint Louis est contenue dans cette lettre édifiante qu’il a écrite à l’attention de son fils Philippe, son successeur sur le trône de France :

Cher fils, je t’enseigne premièrement que tu aimes Dieu de tout ton cœur et de tout ton pouvoir, car sans cela personne ne peut rien valoir.

Tu dois te garder de toutes choses que tu penseras devoir lui déplaire et qui sont en ton pouvoir, et spécialement tu dois avoir cette volonté que tu ne fasses un péché mortel pour nulle chose qui puisse arriver, et qu’avant de faire un péché mortel avec connaissance, que tu souffrirais que l’on te coupât les jambes et les bras et que l’on t’enlevât la vie par le plus cruel martyre.

Si Notre Seigneur t’envoie persécution, maladie ou autre souffrance, tu dois la supporter débonnairement, et tu dois l’en remercier et lui savoir bon gré, car il faut comprendre qu’il l’a fait pour ton bien. De plus, tu dois penser que tu as mérité ceci (et encore plus s’il le voulait) parce que tu l’as peu aimé et peu servi, et parce que tu as fait beaucoup de choses contre sa volonté.

Si Notre Seigneur t’envoie prospérité, santé du corps ou autre chose, tu dois l’en remercier humblement, et puis prendre garde qu’à cause de cela il ne t’arrive pas de malheur causé par orgueil ou par une autre faute, car c’est un très grand péché de guerroyer Notre Seigneur de ses dons.

Cher fils, je t’enseigne que tu entendes volontiers le service de la sainte Église, et quand tu seras à l’église, garde-toi de perdre ton temps et de parler vaines paroles. Dis tes oraisons avec recueillement ou par bouche ou de pensée, et spécialement sois plus recueilli et plus attentif à l’oraison pendant que le corps de Notre Seigneur jésus Christ sera présent à la messe, et puis aussi pendant un petit moment avant.

Cher fils, je t’enseigne que tu aies le cœur compatissant envers les pauvres et envers tous ceux que tu considéreras comme souffrants ou de cour ou de corps ; et selon ton pouvoir soulage-les volontiers ou de soutien moral ou d’aumônes.

Prends garde que tu sois si bon en toutes choses qu’il soit évident tu reconnaisses les générosités et les honneurs que Notre Seigneur t’a faits de sorte que, s’il plaisait à Notre Seigneur que tu aies l’honneur de gouverner le royaume, tu sois digne de recevoir l’onction avec laquelle les rois de France sont sacrés.

Cher fils, s’il advient que tu deviennes roi, prends soin d’avoir les qualités qui appartiennent aux rois, c’est-à-dire que tu sois si juste que, quoi qu’il arrive, tu ne t’écartes de la justice. Et s’il advient qu’il y ait querelle entre un pauvre et un riche, soutiens de préférence le pauvre contre le riche jusqu’à ce que tu saches la vérité, et quand tu la connaîtras, fais justice.

Sois bien diligent de protéger dans tes domaines toutes sortes de gens, surtout les gens de sainte Église ; défends qu’on ne leur fasse tort ni violence en leurs personnes ou en leurs biens.

Cher fils, je t’enseigne que tu sois toujours dévoué à l’Église de Rome et à notre saint-père le Pape, et lui portes respect et honneur comme tu le dois à ton père spirituel.

Mets grande peine à ce que les péchés soient supprimés en ta terre, c’est-à-dire les vilains serments et toute chose qui se fait ou se dit contre Dieu ou Notre-Dame ou les saints : péchés de corps, jeux de dés, tavernes ou autres péchés. Fais abattre tout ceci en ta terre sagement et en bonne manière.

Cher fils, je te donne toute la bénédiction qu’un père peut et doit donner à son fils, et je prie Notre Seigneur Dieu Jésus-Christ que, par grande miséricorde et par les prières et par les mérites de sa bienheureuse Mère, la Vierge Marie, et des anges et et des archanges, de tous les saints et de toutes les saintes, il te garde et te défende que tu ne fasses chose qui soit contre sa volonté, et qu’il te donne grâce de faire sa volonté afin qu’il soit servi et honoré par toi ; et puisse-t-il accorder à toi et à moi, par sa grande générosité, qu’après cette mortelle vie nous puissions venir à lui pour la vie éternelle afin de le voir, aimer et louer sans fin. Amen.

Vous pouvez trouver de plus amples détails sur Saint Louis en consultant les quatre articles suivants sur lesquels ce billet s’est appuyé : [1] [2] [3] [4].

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