Aujourd’hui, nous continuons à coller à l’actualité liturgique en méditant la parabole du Bon Samaritain (Luc 10, 25-37) que nous avons écoutée ce dimanche. Nous nous appuierons sur les réflexions du Pape François et du P. Benoît Standaert, moine bénédictin de l’abbaye de Saint André à Bruges en Belgique. Vous pouvez retrouver le texte intégral de l’intervention du Saint Père ici et l’interview du P. Standaert là (si vous êtes abonné…).
Le Bon Samaritain ou l’amour en actes.
La parabole du Bon Samaritain pourrait aussi s’intituler : de la théorie de la religion à la pratique de l’amour. Tout part en effet d’un docteur de la loi qui se pose la bonne question : « Qui est mon prochain ? ». Le pape François relève d’ailleurs que « dans la parabole, ni le prêtre, ni le docteur de la loi, ni le samaritain, ni l’aubergiste, ne savent probablement répondre à cette question ». Pourtant, devant l’homme laissé pour mort, il remarque que « tous les trois – le prêtre, le lévite et le samaritain – savent bien ce qu’ils ont à faire. Et chacun prend sa propre décision. ». Et puis il y a un dernier protagoniste, l’aubergiste. Pour le pape, ce personnage c’est « monsieur tout le monde : il a tout vu mais n’a rien compris. » Et le Saint Père imagine ses pensées : « Ça alors ! Un samaritain qui aide un juif! C’est fou, c’est sûr! Et puis il guérit ses plaies et l’amène ici à l’auberge en me disant : ‘Prends soin de lui, je te paierai tout ce que tu auras dépensé en plus …’. Je n’ai jamais rien vu de semblable, c’est un fou! ». Oui, le samaritain est un fou, qui n’agit pas selon le monde mais selon la Parole de Dieu. L’aubergiste, Monsieur tout le monde, a reçu le témoignage et qui plus est, ce témoignage vient d’un samaritain et donc d’un pécheur, d’un exclu du peuple de Dieu. Ce ne sont pas le prêtre ou le lévite qui ont témoigné de Dieu mais le samaritain, le pécheur notoire. Pourquoi ? Les deux premiers n’ont qu’une connaissance théorique de Dieu, le second est pr
atique : il a compris que l’amour vrai doit se traduire en actes. Il a vu et « il a su faire preuve de pitié » envers quelqu’un qu’il ne connaissait pas. Pour le pape, ce jour-là, « l’aubergiste a vu quelque chose qu’il n’aurait jamais imaginé voir un jour. […] Le témoignage du samaritain a semé l’inquiétude et la curiosité dans le cœur de cet aubergiste. […] Et le grain a sûrement poussé et donné du fruit », conduisant l’aubergiste à agir de la même manière. Pour le pape :
« Le témoignage c’est ça ! Il passe et s’en va. Vous le laissez où il est et vous partez. Seul le Seigneur veille sur lui, le fait grandir, comme il fait pousser le grain : alors que le maître dort, la plante grandit. […] Notre témoignage n’est pas quelque chose que l’on calcule. Le témoignage c’est vivre de manière à ce que les autres « voient ce que vous faites de bien et rendent gloire à Dieu qui est aux cieux » (cf. Mt 5, 16), c’est-à-dire de manière à ce qu’ils rencontrent le Père, aillent vers Lui … Ce sont les paroles de Jésus. »
Que cela signifie-t-il pour nous ?
Être témoins, en tant que chrétien et plus encore en tant que religieux et franciscain, c’est notre mission. Nous pouvons paraître fous aux yeux de notre société, mais nous sommes des signes, des témoins de l’amour de Jésus pour ce monde. Nous voulons être, comme le dit le P. Benoit Standaert dans un récent article publié dans Croire, « des hommes qui brûlent pour Dieu et devant Lui, portent en eux l’univers entier, et intercèdent pour tous sans distinction ». Nous voulons faire voir aux aubergistes de notre temps des choses qu’ils n’ont jamais vues : l’amour vrai en actes. Comme le remarque le P. Benoit, « bon nombre de gens ont soif de vie intérieure, d’un art de vivre plus complet que l’enchaînement stressé, résumé dans l’expression : « métro-boulot-dodo ». Ils sont en recherche et se mettent facilement à l’écoute de ceux qui leur proposent un tel art de vivre concret et appliqué avec méthode, sans idéologie ni dogmes. […] Si l’Église arrivait à se présenter de façon adéquate, non-idéologique mais pratique, les gens dans leur grande soif se tourneraient tout aussi facilement vers elle. » Et, faisant écho au pape François, il continue :
« Il faut témoigner, par ce que l’on est, plus encore que par ce que l’on dit. Il faut aller à la recherche d’une plate-forme où l’on peut rencontrer les jeunes. Il faudra avant tout être soi-même un havre de paix, tout entier conquis au plus profond de soi par cette « paix du Christ ». Après cela les choses iront de soi : un parfum, une fois le flacon ouvert, se répand irrésistiblement sans qu’on puisse le remettre dans le récipient. »
Alors, quelle que soit notre vocation, passons de la théorie de la religion à la pratique de l’amour et devenons de vrais témoins ! Soyons des parfums qui exhalent la « bonne odeur du Christ » (2 Co 2, 15).