
Aujourd’hui, nous célébrons la Journée Mondiale du Pauvre. Elle a été instituée par le Pape François en 2017 dans le but de sensibiliser chacun à l’écoute du cri des pauvres et des souffrants. En préparation à cette journée, le Pape François s’est rendu à Assise où il a rencontré quelque 500 personnes en précarité dans la basilique Sainte Marie des Anges. Cette basilique abrite la chapelle de la Portioncule, le berceau de notre ordre puisque, comme il l’a rappelé : « Ici à la Portioncule, saint François a accueilli sainte Claire, les premiers frères, et tant de pauvres qui venaient le voir. Accueillir signifie ouvrir la porte, la porte de la maison et la porte du cœur, et permettre à celui qui frappe d’entrer. Là où il y a un vrai sens de la fraternité, il y a aussi l’expérience sincère de l’accueil. » Il a ainsi évoqué des thèmes aussi divers que l’accueil, la fraternité, la prière, la pauvreté, tous au cœur de notre charisme franciscain. Nous reprenons ici seulement quelques extraits de l’allocution du Saint Père.
Tout d’abord, il est revenu sur l’importance de la pauvreté pour Saint François et sa vocation à réparer l’Église pour rappeler le sens de sa venue à Assise pour cette journée mondiale :
« Saint François et fr. Massée avaient entrepris de rejoindre la France mais ils n’avaient pas emporté suffisamment de provisions. A un moment de leur voyage, ils allèrent mendier. François partit dans un quartier de la ville, fr. Massée dans un autre. Mais saint François était petit de taille et d’aspect misérable, il passait pour un clochard pour qui ne le connaissait pas. Fr. Massée était un homme grand et de belle prestance. C’est ainsi que Saint François ne recueillit que quelques bouchées et restes de pain sec ; mais à frère Massée, on donna beaucoup de grands et bons morceaux de pain. Quand ils se retrouvèrent, ils s’assirent et posèrent toutes les aumônes qu’ils avait mendiées sur une grande pierre. Et saint François, voyant les morceaux de pain collectés par frère Massée, s’écria: « O frère Massée, nous ne sommes pas dignes d’un aussi grand trésor que celui-là. » Frère Massée répondit : « Père bien-aimé, comment peux-tu parler de trésor, là où il y a tant de pauvreté et où il manque tout ce qui est nécessaire ? » Saint François dit alors : « C’est précisément cela que je tiens pour un grand trésor, qu’il n’y ait rien de préparé par l’industrie humaine ; mais ce qui est ici est préparé par la divine providence ». Ceci est l’enseignement que Saint François nous donne : savoir être heureux avec le peu que nous avons et le partager avec les autres. (Fioretti 13)

Nous sommes ici à la Portioncule, l’une des petites églises que saint François a restaurée, après que Jésus lui a demandé de « réparer sa maison ». Il n’aurait jamais pensé alors que le Seigneur lui demanderait de donner sa vie pour renouveler, non pas l’Église faite de pierres, mais celle de personnes, d’hommes et de femmes qui sont les pierres vivantes de l’Église. Et si nous sommes ici aujourd’hui, c’est précisément pour apprendre de ce qu’a fait saint François. Il aimait rester longtemps dans cette petite église pour prier. Il se recueillait ici en silence et il se mettait à l’écoute du Seigneur, de ce que Dieu voulait de lui. Nous aussi, nous sommes venus ici pour cela : nous voulons demander au Seigneur d’écouter notre cri et de venir à notre aide. »
Le pape François a ensuite délivré deux messages forts à la fois de prise de conscience et d’action :
« Il est temps que la parole soit restituée aux pauvres, parce que, depuis trop longtemps, leurs demandes sont restées inécoutées. Il est temps que s’ouvrent les yeux pour voir l’état d’inégalité dans lequel vivent tant de familles. Il est temps de se retrousser les manches pour rendre de la dignité en créant des postes de travail. Il est temps que l’on recommence à se scandaliser devant la réalité des enfants affamés, réduits en esclavage, naufragés en mer, victimes innocentes de toute sorte de violence. Il est temps que cessent les violences sur les femmes et qu’elles soient respectées, et non pas traitées comme des marchandises. Il est temps que se brise le cercle de l’indifférence pour recommencer à découvrir la beauté de la rencontre et du dialogue. »
« Résister. C’est la deuxième impression que j’ai reçue et qui vient directement de l’espérance. Que signifie « résister » ? Avoir la force de continuer malgré tout. Nager à contre-courant. Résister n’est pas une action passive, au contraire, il faut avoir le courage de prendre un nouveau chemin en sachant qu’il portera ses fruits. Résister signifie trouver des raisons de ne pas abandonner face aux difficultés, sachant que nous ne les vivons pas seuls mais ensemble, et que ce n’est qu’ensemble que nous pouvons les surmonter. Résister contre toute tentation d’abandonner et de tomber dans la solitude et la tristesse. Résister, s’accrocher au peu de richesse que nous pouvons avoir. Je pense à la jeune fille en Afghanistan, avec sa phrase frappante : mon corps est ici, mon âme est là-bas. Résister avec la mémoire, aujourd’hui. »
« Il est temps » et « résister ». Deux encouragements du Pape François pour agir face aux défis de notre société et contribuer à ouvrir de nouveaux chemins vers une société plus juste et plus fraternelle, à l’image de celle que souhaitait le Poverello. Nous laissons la parole au Saint Père pour conclure :

« Demandons au Seigneur de nous aider à trouver toujours la paix et la joie. Ici, à la Portioncule, Saint François nous enseigne la joie qui naît de considérer ceux qui nous entourent comme des compagnons de voyage qui nous comprennent et nous soutiennent. Que cette rencontre ouvre tous nos cœurs pour nous mettre à la disposition les uns des autres, pour faire de notre faiblesse une force qui nous aide à poursuivre le chemin de la vie, pour transformer notre pauvreté en richesse à partager, et ainsi rendre le monde meilleur. La Journée des pauvres. Merci aux pauvres qui ouvrent leur cœur pour nous donner leur richesse et guérir nos cœurs blessés. Merci pour ce courage. […] Et merci à vous tous. Je vous porte tous dans mon cœur. Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi, parce que j’ai aussi mes pauvretés, à bien des égards ! Merci. »
NDLR : les photos sont issues de la page Facebook de nos frères d’Assise (cf. ici). Vous pouvez également trouver là le message adressé par le Pape François à l’occasion de la journée mondiale du pauvre.