Aujourd’hui, nous célébrons la fête du baptême du Seigneur. Cette fête clôt le temps de Noël, un temps liturgique finalement assez court, mais qui nous permet de méditer sur le mystère de l’Incarnation, un mystère très cher au cœur de Saint François. C’est d’ailleurs pour mieux le contempler et « apprécier » l’amour du Seigneur qui s’abaisse jusqu’à s’incarner qu’il avait réalisé la première crèche vivante à Greccio (cf ici).
Dimanche dernier, nous avons fêté l’Épiphanie, qui marque la manifestation de l’enfant Jésus comme Messie à l’humanité entière représentée par les Rois Mages. Aujourd’hui, nous avons encore une théophanie, une autre manifestation de Dieu qui se révèle aujourd’hui comme Trinité. En effet, lorsque Jésus entre dans l’eau et que Jean le baptise, les cieux s’ouvrent, la voix du Père se fait entendre et l’Esprit Saint descend sous la forme d’une colombe. Le Père révèle l’identité de Jésus en disant : « Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui j’ai mis toute ma joie ». Jean-Baptise lui-même, dernier prophète de l’Ancien Testament, va l’indiquer à ses disciples avec ces mots : « Voici l’Agneau de Dieu ! ». Avec l’Esprit Saint répandu, la mission de Jésus peut débuter. Ainsi, après 30 ans de vie cachée à Nazareth où Jésus s’est en quelque sorte préparé à son ministère, le baptême est « l’élément déclencheur » de sa vie publique. A partir de là, poussé par l’Esprit, Jésus va partir pour répondre à l’appel du Père et accomplir sa mission de rédempteur.
Et pour nous alors ? Pour nous, le baptême marque la naissance à la vie chrétienne. Comme pour Jésus, l’Esprit Saint à travers l’onction du Saint Chrême a été répandu sur nous et nous sommes devenus fils et filles. Comme le dit Saint Paul, nous avons « reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Papa ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » (cf. Rm 8, 9-10). Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait : « Qu’il est doux d’appeler le Seigneur ‘notre Père’ ». Elle avait tout compris. Le jour de notre baptême, comme Jésus dans le Jourdain, notre vraie identité est révélée : nous sommes fils, filles de Dieu, infiniment aimés. Comme le relève St Jean, « nous ne sommes pas le fruit du hasard ou d’une volonté charnelle ». Nous sommes là parce que le Seigneur nous a désirés de toute éternité, parce qu’il nous a appelés à la vie. Avec le baptême, comme Jésus, nous recevons l’Esprit Saint et la mission que le Père veut nous confier. Nous avons la vie pour la découvrir et la mener à bien, poussés comme Jésus par l’Esprit. Notre vie prend du sens : nous sommes appelés à être chacun à notre manière sel de la terre, lumière du monde… notre vie a un poids de gloire : la bénédiction de Dieu repose sur nous.
Alors, aujourd’hui, rendons grâce pour le don de notre baptême, le jour où nous sommes devenus Fils/Fille de Dieu. Le Pape François demandait il y a quelques années si nous connaissions la date de notre baptême (cf. ici). Si tel n’est pas le cas, retrouvons-la et marquons ce jour dans notre calendrier. C’est le jour où le Père a dit de nous : « Tu es mon fils, ma fille bien aimée. En toi j’ai mis toute ma joie ». Entrons dans le plus profond de notre cœur et goûtons la joie et l’amour que le Père y a déposés. Faisons rejaillir les eaux baptismales pour devenir qui nous sommes en vérité. Ainsi comme pour Jésus, de notre sein pourra couler des fleuves d’eau vive où d’autres pourront venir s’abreuver pour eux-aussi découvrir leur identité profonde…