La conversion de Saint François : en quête de liberté !


Mercredi 6 mars, nous sommes entrés en Carême, ce temps de préparation à la fête de Pâques qui est aussi un temps que nous donne le Seigneur pour nous convertir. C’est pourquoi, nous vous proposerons, chaque week-end, une méditation basée sur l’itinéraire de conversion de St François. Voici la troisième : « En quête de liberté ! ».

Nous vous souhaitons une belle route vers Pâques ! Que le Seigneur vous accompagne !


Amené en face de l’évêque, il n’attend pas, il ne barguigne pas : sans prononcer un mot et avant qu’on lui enjoigne quoi que ce soit, il ôte tous ses vêtements et les lance dans les bras de son père ; il ne garde même pas ses caleçons mais demeure complètement nu devant toute l’assistance. L’évêque, touché de ce courage et saisi d’admiration au spectacle d’une telle ferveur et force d’âme, se leva aussitôt, attira le jeune homme dans ses bras et le couvrit de son manteau. Il avait clairement conscience d’être là en présence d’une inspiration de Dieu, et il était persuadé que la scène dont il venait d’être le témoin possédait une signification surnaturelle et cachée. C’est pourquoi, à partir de ce moment, il se constitua son protecteur, lui prodigua encouragements et marques de tendresse, bref l’adopta et l’aima du plus profond de sa charité. Notre athlète désormais va lutter nu contre son adversaire nu; dépouillé de tout ce qui appartient au monde, il ne s’occupe plus que de la justice à laquelle Dieu nous convie. Il s’appliquera si bien à mépriser sa propre vie sans aucune complaisance, que la paix sera, tout le long de sa route infestée d’ennemis, la compagne de sa pauvreté et que la cloison de sa chair sera le seul écran qui le séparera pour un temps de la vision de Dieu. (1 Celano 6, 15)

Cet acte est motivé par la tension que François vit avec son père. Les choix de François depuis son retour de Spolète sont étranges aux yeux de son père. Il donne de l’argent aux pauvres, il donne des tissus précieux, il perd son âme commerciale. Le père voit son rêve pour François s’évanouir. Il est en train de dilapider tous ses biens. Sans faire de lecture freudienne sur les rapports père/fils dans la construction de la personnalité, il convient de signaler combien les difficultés relationnelles entre le père et le fils sont présentes dans la tradition biblique. Ainsi, Jacob a un fils préféré, Joseph, et les autres frères lui reprochent cette différence. Le roi David fuit la furie de son fils Absalon qui veut le tuer pour prendre sa place. Le père du fils prodigue, lui, par contre, respecte le choix de son fils en souffrant de la distance. La relation père/fils n’est pas simple. Elle doit grandir en passant par des phases de tension et parfois de division pour enfin aboutir à la réconciliation et la sérénité. Cet équilibre relationnel n’est pas automatique. Le livre de la Genèse invite l’homme adulte à quitter son père et sa mère (cf. Gn 2, 24), à quitter la maison de son père, comme Abraham (cf. Gn 12, 1). Il s’agit d’un terme radical « quitter ».

Le père de François, excédé par un fils qui dévore ses biens en les donnant aux autres, le porte face au tribunal de la ville. Il crie à l’injustice devant l’évêque. Dans ce procès, le père accuse le fils mais le fils ne se défend pas. C’est étonnant. François ne justifie pas sa nouvelle vie, sa conversion. Il ne dit rien. Comme le serviteur souffrant d’Isaïe, lors de son procès, il n’ouvre pas la bouche (cf. Is 53, 7). Mais il parle par un geste. Encore un geste de conversion. Il se déshabille totalement. Avant, il dépendait du regard des autres, il avait les vêtements les plus luxueux, il brillait par ses costumes. Maintenant, le paraître ne compte plus. Il n’a plus honte de se montrer totalement pauvre. Il n’est plus conditionné par les commentaires des autres. Par ce geste, il commence à devenir libre de tout attachement matériel et affectif. Comme le dit Celano, « notre athlète lutte nu contre ses adversaires ». Il veut récupérer la liberté et l’innocence des origines.

Nu, il est couvert par le manteau de l’évêque. Il se met sous la protection de l’Église. A partir de ce moment, il peut dire en toute liberté : ‘Notre Père, qui est aux cieux.’ Il va nu à la rencontre du Seigneur. Les disciples lors de l’appel de Jésus laissent leurs filets et leur père (cf. Mc 1, 18 – 20). François, dans cette étape de sa conversion, laisse ses vêtements et son père pour commencer une nouvelle vie. Le geste de se mettre nu pour tout laisser est un acte de désappropriation. François est nu, comme au moment de la naissance, comme au moment de débuter nouvelle vie. La purification engendre la liberté et ouvre un avenir. François est prêt à se donner totalement à Dieu sans résistance.


Méditation

  • Des comportements ou des personnes m’empêchent-ils d’être totalement libre ?
  • Se désapproprier, laisser, se dépouiller, abandonner… des termes liés au détachement humain et spirituel. Est-ce que je vois des domaines de ma vie où il faut couper pour être libre?
  • Saint François a osé poser des choix forts pour se détacher et d’être libre. Est-ce que moi-même, j’aspire à une vraie liberté ?

Retrouvez les méditations pour le mercredi des cendres ici et pour les deux premières semaines de Carême en suivant ces deux liens : [Semaine 1] [Semaine 2].

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