
Aujourd’hui, 25 janvier, nous célébrons la fête de la Conversion de Saint Paul. Aujourd’hui, nous vous proposons donc de méditer sur la conversion avec fr. Adrien, actuellement en communauté dans notre couvent Saint François de Cholet. Il met pour nous en parallèle les parcours de Saint Paul et Saint François, mettant en lumière le changement de vue et de perspective qui naît de la conversion. Nous vous souhaitons une bonne lecture et remercions chaleureusement fr. Adrien pour son partage!

Dans son Testament, Saint François d’Assise se souvient et dit : « ce qui me semblait amer fut changé pour moi en douceur de l’esprit et du corps ». Ce changement intérieur de sa vision sur le monde et plus spécifiquement sur les lépreux, accompagne les signes extérieurs de sa conversion. Ainsi, le choix – au début – d’une vie érémitique, l’abandon de ses biens et de ses ambitions, le service aux lépreux, sa vocation : tout cela découle de ce regard nouveau. Avec les lépreux, dit-il, il va « exercer la miséricorde ». C’est Dieu lui-même qui l’a conduit parmi eux. Et d’ailleurs, c’est tout d’abord Dieu lui-même qui lui a fait miséricorde. Et maintenant Dieu peut faire de François un instrument de sa miséricorde. Dans cette fécondité nouvelle, une extraordinaire fraternité naît, car, avec le regard intérieur purifié, François veut « discerner et voir en tous le Fils de Dieu ». Du regard miséricordieux de Dieu naît l’appel à une vie nouvelle, nous rappelait le Pape François dans sa devise.

La conversion de Saint Paul évoque ainsi avant tout une rencontre qui détermine un changement de regard. Paul rencontre le Christ sur le chemin de Damas. Dans cette vision, le Christ va se révéler à lui et lui parler. Mais, en même temps, lui, Paul, va être aveuglé pendant quelques jours. A la prière du chrétien Ananie et par le baptême qu‘il va recevoir, Paul va retrouver la vue. Mais il s’agit d’une autre vue, d’une autre vision des choses et de la réalité : le Christ, qu’il percevait auparavant comme ennemi de la religion juive, devient sa vie même, la seule raison de son existence. « Ce n’est plus moi qui vis c’est Christ qui vit en moi… », dira-t-il d’ailleurs (Gal 2,20). Le Christ n’est plus sujet de haine mais d’adoration. Ses voyages enthousiastes n’auront plus pour objet de pourchasser les adeptes du Christ mais d’annoncer celui « qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi ». Car, dans les yeux de Dieu, sa propre vie est désormais comprise autrement. Ses yeux se ferment au monde et s’ouvrent au Christ.
Alors qu’est-ce-que ce récit peut nous apprendre, à nous aujourd’hui? Pour nous, chrétiens, la réalité exige aujourd’hui (comme depuis toujours) un regard nouveau. Autrement, elle devient illusoire et accablante. Depuis le baptême, notre regard sur la réalité est autre : profond, divin, dans l’Esprit Saint. Cette révélation nouvelle, c’est le début pour Saint François comme pour Saint Paul d’une vocation, d’une mission extraordinaire. Car, sans ce regard nouveau, purifié grâce à la Providence de Dieu, toute vocation ou mission reste simplement le prolongement des ambitions de l’ego. De ce fait, elle ne peut devenir un chemin de sainteté.
Par une conversion sincère, faisons donc nôtre le cri de l’aveugle guéri par Jésus : « Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. » (Jn 9,25) et suivons le Christ dans la vie nouvelle.