Vocation à la joie

Aujourd’hui, nous célébrons le troisième dimanche de l’Avent. Il s’agit d’un dimanche particulier, connu sous le nom ‘Gaudete‘, un terme latin qui signifie ‘Réjouissez-vous!’. Ce dimanche est donc celui de la Joie. Mais de quelle joie s’agit-il? On dit souvent — et c’est vrai ! — que cette joie vient de la proximité de la naissance de Jésus. Mais poussons plus loin notre réflexion avec Saint François. Un jour qu’il cheminait en plein hiver avec fr. Léon, un de ses plus fidèles compagnons, et qu’il souffrait beaucoup du froid, il se mit à expliquer à ce dernier ce qu’est la joie parfaite, autrement dit la vraie joie. Et pour la définir, il commença par dire ce qu’elle n’était pas. Par quatre fois,  il va citer des situations mettant à l’honneur l’ordre franciscain naissant et son succès :

« O frère Léon, alors même que les frères Mineurs donne­raient en tout pays un grand exemple de sainteté et de bonne édification, néanmoins écris et note avec soin que là n’est point la joie parfaite. » (Fioretti 8)

Mais alors quelle est donc cette vraie joie? C’est ce que fr. Léon, n’y tenant plus, finit par demander. La réponse — fort étonnante — ne se fit pas attendre :

« Quand nous arri­verons à Sainte-Marie-des-Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondrons : « Nous sommes deux de vos frè­res », et qu’il dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez volant les aumônes des pauvres ; allez-vous en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu’il nous fera rester dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu’à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d’injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite. » (Fioretti 8)

Saint François serait-il devenu fou? Non. Et il ne fait pas non plus l’apologie de la souffrance qu’il faut combattre en tant que telle. Il met plutôt l’accent sur la manière de la vivre, lorsque l’on ne peut l’éviter. Qui peut en effet se targuer d’avoir une vie sans souffrance, sans échec? Cela n’existe pas. Pour Saint François, la  joie parfaite, la vraie joie, celle qui dure, ne dépend pas des circonstances car elle s’ancre en Dieu. Elle vient de la rencontre avec le Seigneur et de la certitude qui en découle d’être aimé inconditionnellement. A Noël, Dieu s’incarne et se fait homme pour nous rejoindre dans notre humanité : c’est le mystère de l’Incarnation. Il est Emmanuel, Dieu-avec-nous. Nous ne sommes plus seuls devant les difficultés de la vie. Oui, Dieu nous aime. Cette certitude de foi nous ouvre à l’espérance.

La joie parfaite est un défi. Elle est une joie profonde, purifiée dans le creuset des épreuves. C’est aussi et surtout un « fruit de l’Esprit » (Ga 5, 23) qui « affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Rm 8, 16). Aujourd’hui, nous sommes appelés à accueillir la vraie joie qui vient de Lui, une joie qu’Il veut nous donner pour que nous puissions la transmettre au monde. C’est notre vocation de chrétien et de frère franciscain. Bonne route vers la joie parfaite de Noël!

Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous,
et que votre joie soit parfaite.
‘ Jésus. (Jn 15, 11)

NDLR : Pour aller plus loin :

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