Les sandales, pour partir en mission

Après vous avoir longuement parlé de notre habit (cf. ici), nous avons abordé un premier attribut des frères franciscains que certains d’entre nous portent à la ceinture : la couronne franciscaine, une sorte de chapelet comprenant 7 dizaines en mémoire des 7 allégresses de Marie (cf. ici). Aujourd’hui, nous évoquons les sandales, un autre attribut caractéristique non seulement des franciscains mais aussi des religieux/religieuses et des moines/moniales. Signe de pauvreté et de simplicité, elles ont aussi une importance dans la Bible et sont empreintes de sens.

Dans l’Ancien Testament, on les retire en présence de Dieu en signe de respect. C’est ce que fait Moïse lorsqu’il contemple le Buisson Ardent (Ex 3,5). De même, Jean-Baptiste, après avoir désigné Jésus comme l’Agneau de Dieu, dit qu’il n’est pas digne de délier la courroie de ses sandales (Mc 1, 7). C’est qu’à l’époque de Jésus, ce geste est celui du serviteur qui lave les pieds de son maître à son retour à la maison. Car si les sandales protègent les pieds, elles ne les empêchent pas de se salir! Cela souligne d’ailleurs l’importance, presque l’énormité, du geste de Jésus au soir du Jeudi Saint, lorsqu’il va laver les pieds de ses disciples. Un geste qui montre jusqu’où va l’Amour de Dieu et qui rappelle aussi celui du Père Miséricordieux dans la parabole du Fils prodigue. Lorsque celui-ci revient en guenilles après avoir tout dépensé, le Père demande qu’on l’habille  et qu’on lui mette des sandales aux pieds (Lc 15,22). Par ce geste, le père redonne la dignité à son fils.

Les sandales, une protection pour les pieds, un signe de dignité. Mais pas seulement. Les sandales sont aussi liées à la mission. Revenons un instant à l’Évangile de l’envoi en mission des disciples et à cet ordre de Jésus : « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » (Mc 6). C’est en entendant cet Évangile que Saint François comprit sa vocation (cf. ici). C’est aussi de cette manière qu’il envoya les premiers frères franciscains évangéliser (cf. ). Mais que peut signifier aujourd’hui cette parole pour nous, frères franciscains : « Mettez des sandales » ? Comment la comprendre?

Pour évangéliser, il faut se préparer. La mission est un déplacement, une marche, une aventure. L’acte physique de bouger est un acte de décentrement de soi et de rencontre avec l’autre, avec celui que je ne connais pas et qui est différent de moi. Dans les Actes des apôtres, comme du temps de Saint François et aujourd’hui d’ailleurs, les missionnaires connaissent des obstacles, voire la persécution. Saint Pierre a été emprisonné mais libéré miraculeusement par un ange avec ces paroles : « Mets ta ceinture et tes sandales. Et il fit ainsi. L’ange lui dit encore : Enveloppe-toi de ton manteau, et suis-moi » (Ac 12, 8).

Alors aujourd’hui? Aujourd’hui, nous mettons nos sandales dans l’esprit de la Lettre aux Éphésiens : « Mettez pour sandales à vos pieds le zèle que donne l’Évangile de paix » (Eph 6, 15). Dans la continuité des premiers Franciscains, nos sandales nous mettent en mouvement pour vivre des rencontres pacifiques et de réconciliation. Jésus continue à envoyer ses disciples pour que le monde entende le langage et les gestes de l’Amour de Dieu. Marcher pour aimer.


« Lorsque les frères vont par le monde, qu’ils n’emportent rien en voyage: ni sac, ni besace, ni pain, ni argent, ni bâton. En quelque maison qu’ils entrent, qu’ils disent d’abord: Paix à cette maison! Qu’ils y demeurent, qu’ils y mangent et boivent ce qu’on leur présentera. Qu’ils ne résistent pas au méchant, mais si on les frappe sur une joue, qu’ils tendent l’autre; si on leur enlève leur vêtement, qu’ils ne refusent pas leur tunique. Qu’ils donnent à quiconque leur demande, et qu’ils ne réclament pas ce qu’on leur aura volé. » Première règle des frères mineurs (1 Reg 14)


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