Série ‘Est-il vrai que les frères…’, épisode #7 : « encore la joie… »

Nous terminons aujourd’hui la série, initiée par nos frères italiens, sur  les stéréotypes et idées reçues sur nous, les frères franciscains. Une série initiée qui visait à vous donner quelques éclairages et peut-être une meilleure compréhension de notre vie quotidienne de frère, en chemin sur les pas de Saint François.

Donc, précédemment sur notre blog :  nous nous demandions s’il était vrai que : les frères restaient toujours enfermés au couvent (cf. ici) et que, hormis prier (cf. ), nous ne faisions rien de notre journée (cf. encore ). C’est d’ailleurs pour cela que nous sommes réputés être toujours joyeux… (cf. ici) et que nous sommes tous vieux (puisque ‘ne rien faire, ca conserve!’ 🙂 (cf ).  Puis, nous nous sommes aussi interrogés sur ce qu’est la pauvreté et comment la vivre au XXIe siècle. Aujourd’hui, dernier stéréotype : est-il vrai que les frères n’ont pas le droit de s’amuser et de se détendre ? 


Nous parlons donc aujourd’hui divertissement, loisir, détente, repos ! Le moment est bien choisi avec les vacances d’été qui commencent! Pendant longtemps, la société a pensé que l’Église voyait d’un mauvais œil le plaisir ou les distractions… Serait-ce encore un préjugé? Un préjugé qui a la vie dure puisque l’on nous demande souvent : « Mais toi, en tant que frère, tu peux jouer au foot ? Tu peux sortir un soir avec des amis, voir un film ? ». En filigrane se cache la question évoquée plus haut : « As-tu le droit de t’amuser, de te détendre ? ». Peut-être nos derniers articles un peu humoristiques sur notre vie vous ont-ils déjà donné la réponse? Mais, bon, essayons d’aller un peu plus loin! Car il y a joie et joie, plaisir et plaisir, divertissement et divertissement. Et il faut discerner…

Pour cela, prenons d’abord quelques exemples de saints. Par exemple, on attribue à Saint François de Sales, un saint par ailleurs réputé pour ses grandes colères, cette petite phrase : ‘Un saint triste est un triste saint’. On connaît aussi le sens de l’humour de Saint Philippe Néri qui utilisait cette ‘arme’ dans ses enseignements pour mieux se faire comprendre et était aussi réputé pour son espièglerie (cf. ici). Et Saint François, malgré toute sa rigueur ascétique, « perdait du temps » à chanter et danser dans les bois. On a même conservé la lettre qu’il a écrite à une amie, quelques jours avant sa mort :

« À Dame Jacopa, servante du Très-Haut, frère François, le petit pauvre du Christ, souhaite la paix dans le Seigneur et la communion de l’Esprit Saint. Sache, très chère, que le Christ béni, dans sa grâce, m’a révélé que la fin de ma vie est proche. Donc, si tu veux me trouver encore en vie, dès que tu lis cette lettre, viens vite à Sainte-Marie-des-Anges. […] Je te prie aussi de m’apporter ces douceurs que tu avais l’habitude de me donner quand j’étais malade à Rome. » (Lettre à Jacopa Frangipani de Settesoli ; FF 253-255)

Donc, même Saint François, alors qu’il sait qu’il va mourir, ose solliciter un peu de joie, de douceur, de réconfort, en faisant appel à la générosité d’une amie chère. Et là où c’est extraordinaire, c’est que Dame Jacopa était devant la porte du couvent avant que la lettre ne parte, car elle-même avait été aussi miraculeusement prévenue (cf. ici)… un signe de la prévenance du Seigneur pour ses enfants … encore un motif de joie.

Vivre la joie en tant que chrétien est fondamental car elle est un témoignage dans une société violente, en perte de sens et de repère. Dans l’une de ses homélie, le Pape François – qui avait le sens des formules chocs – disait :  « Avez-vous déjà vu un saint qui fait la tête ? Assez de chrétiens à la tête de piment dans du vinaigre ! » (cf. ). Une vie sérieuse, engagée, donnée, en un mot sainte, n’est pas incompatible avec le plaisir et la joie. On pourrait même dire que les deux vont ensemble. Il est bon et sain (sans t) de savoir se détendre, se reposer, mais il faut apprendre à discerner. Saint Paul nous éclaire :

« Si je participe à un repas dans l’action de grâce, pourquoi me blâmer pour cette nourriture dont je rends grâce ? Tout ce que vous faites : manger, boire, ou toute autre action, faites-le pour la gloire de Dieu. Ne soyez un obstacle pour personne, ni pour les Juifs, ni pour les païens, ni pour l’Église de Dieu. Ainsi, moi-même, en toute circonstance, je tâche de m’adapter à tout le monde, sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés. » (1 Corinthiens 10,30-32)

La ligne directrice pour nous est donc, et reste toujours : « Quoi que vous fassiez, faites-le pour la gloire de Dieu ! ». La réponse est donc : oui, nous les frères, nous pouvons aussi nous amuser, avoir des moments de loisirs et de repos ! Quand l’occasion se présente et que nous le pouvons, nous sortons avec des amis, nous prenons un peu de vacances ; beaucoup d’entre nous font du sport, et il arrive même que nous assistions à un concert ou à un film. Et nous faisons tout cela en rendant grâce au Seigneur qui comble nos vies de tout bien, qui nous fait « bondir de joie », qui remplit notre existence de beauté.

Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal. Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ. [Saint Paul,  1 Th 5, 16-23]

Ce sont les voeux que nous formons pour vous et vos proches en ce début d’été, en vous remerciant d’avoir suivi cette série ! Nous aussi, sur le blog, allons prendre quelques vacances pour revenir à la rentrée, poussés par le Saint Esprit, raffraichis et avec de nouvelles idées! Nous comptons sur votre prière! Nous vous portons dans la nôtre!


Vous pouvez retrouver la version italienne de cet article ici et les six premiers épisodes de la série en Français [1] [2] [3] [4] [5] [6]. Pour découvrir la Bienheureuse Jacopa Frangipani de Settesoli et le gâteau particulier qu’elle a apporté à Saint François (et que vous connaissez déjà sans peut-être le savoir!), suivez ce lien.

 

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