Série ‘Est-il vrai que les frères…’, épisode #4 : « La joie parfaite! »

Nous continuons notre série sur les préjugés et stéréotypes que certains peuvent avoir sur la vie religieuse. Il s’agit d’une série initiée par nos frères italiens pour éclairer notre vocation et ‘tordre le cou’, parfois avec un brin d’humour, à certains préjugés que l’on entend ici et là au gré de nos rencontres. Alors, précédemment dans notre blog, nous nous demandions s’il était vrai que les frères restaient toujours enfermés au couvent (cf. ici) et que, hormis prier (cf. ), nous ne faisions rien de notre journée (cf. encore ). Aujourd’hui, dans ce quatrième épisode, nous abordons un autre cliché :  est-il vrai que les frères n’ont pas de problème et sont toujours heureux?


Il s’agit encore d’un préjugé qui a la vie dure! Pour de nombreuses personnes en effet, nous apparaissons parfois comme des personnes qui ont ‘fui le monde’ et qui sont donc désormais débarrassées de tout problème. Notre vie franciscaine serait-elle exempte de souffrance, une sorte de petit paradis sur terre, antichambre du Ciel? Comme dirait une certaine publicité récemment entendue : ‘PRÉJUGÉ’!

Notre vie de frère est – comme toute vie humaine d’ailleurs – belle parce que marquée à l’origine par l’Amour de Dieu. C’est Lui qui nous a appelé à la Vie, qui nous a fait le cadeau de la Vie. Et pourtant… toujours comme toute vie humaine, elle comporte aussi sa part de souffrance, de tracas, de devoirs et de fatigue… Parfois, tout va bien et d’autres fois, ca va… moins bien. Alors que faire? Peut-on vivre la joie en toutes circonstances? C’est la question à laquelle nous allons tenter une réponse. Saint Paul dans la lettre aux Philippiens nous dit :

« Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le répète : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose, faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. » [Ph 4,4-7]

Voilà qui éclaire les choses : bien sûr, il y a des raisons – légitimes – d’être triste dans la vie, même pour un frère. Mais il s’agit de savoir avec certitude (et donc d’expérimenter) que « le Seigneur est proche ! ». Autrement dit, nous ne sommes pas seuls et Il nous aime inconditionnellement. Et, si nous Lui présentons nos demandes « en toute circonstance », sa paix « gardera notre cœur  (i.e., nos émotions) et nos pensées dans le Christ Jésus ». Et « sa paix surpasse toute intelligence » dit Paul. C’est pourquoi François écrit dans la Règle :

« Que les frères se gardent de paraître tristes à l’extérieur, le visage sombre comme les hypocrites, mais qu’ils se montrent joyeux dans le Seigneur, pleins d’allégresse et aimables avec douceur. » [RnB chap. 7]

Serait-ce donc qu’il faut ‘cacher‘ sa tristesse, ‘avoir l’air‘ heureux avec un sourire béat ‘collé‘ sur le visage? Non. Mais il s’agit d’essayer de ne pas nous ‘attarder’ sur la tristesse et de chercher à revenir toujours au Seigneur, la source de notre joie, puisque, avec Lui, tout devient possible, y compris vivre la joie parfaite selon St François. Une joie qu’il avait définie d’une manière fort surprenante à fr. Léon (cf. ici) et qui est pour lui la seule vraie joie, celle qui ne dépend pas des circonstances car elle s’ancre en Dieu. Et de là, elle peut rayonner à travers nous, même notre insu. D’ailleurs, fr. Thomas de Celano (le premier biographe de saint François) écrit à son sujet :

« François s’efforçait de rester toujours dans l’allégresse du cœur […]. Il évitait avec le plus grand soin la mélancolie, qu’il considérait comme le pire des maux. Il disait : “Quand quelqu’un est troublé par quelque chose, comme cela peut arriver, il doit se lever aussitôt pour prier, et persévérer devant le Père très Haut jusqu’à ce qu’il lui rende la joie de son salut!” » [2Cel 125 ; FF 709]

La vie des frères, comme la vôtre sans doute, n’est pas toujours rose. Souvent, notre quotidien est très ordinaire, monotone et répétitif avec la liturgie des heures, la messe, les repas, etc. (cf. ici). Et il y a aussi des moments difficiles, de souffrance, comme dans toute vie. Pourtant, notre vie est belle parce que donnée au Seigneur pour son service et celui de nos frères et sœurs en humanité. Notre vie est aussi faite de relations tissées au gré de nos rencontres : avec le Seigneur dans la prière, avec nos frères en communauté, et bien sûr ensuite avec tous ceux/celles que nous croisons dans le cadre de nos activités. Et n’est-ce pas justement dans la relation que le cœur de l’homme peut se remplir de joie ?


Ne te laisse pas aller à la tristesse, ne te tourmente pas pour tes projets.
La joie du cœur fait vivre l’homme, et la gaieté prolonge la durée de ses jours.
[Si 30, 21-25]


Vous pouvez retrouver la version italienne de cet article ici et les trois premiers épisodes de la série en Français [1] [2] [3]. Pour aller plus loin sur la joie selon Saint François, vous pouvez consulter cet article sur notre blog.

 

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